Mémoires pour servir à
l’histoire des métiers du traitement de l’information
ou
Les « pré-histoires » du « tout-numérique »
Docteur ès Sciences
22, allée Danton
F 91270 Vigneux sur Seine
01 69 03 12 74
La catégorie des retraités compte dans ses rangs des chercheurs, techniciens, des ingénieurs dont les vies professionnelles furent contemporaines de l’intrusion révolutionnaire de l’informatique dans les sciences et techniques. Les vestiges de l’époque antérieure du calcul, règles, tables, machines manuelles ou électromécaniques, calculateurs analogiques, disparaissent inéluctablement ; les rescapés appartiennent désormais aux musées et aux collectionneurs soucieux de conserver ce patrimoine scientifique et technique souvent récent ; ce furent pour nombre d’entre eux des outils de jeunesse, malheureusement parfois ignorés, voire méprisés par nos jeunes confrères ; l’auteur de ces quelques lignes eut par exemple la surprise de s’entendre ainsi questionner par l’un d’entre eux, numéricien confirmé : un planimètre, qu’est-ce ?
Les organismes publics chargés en tous pays de la conservation de ces objets et du savoir-faire qui les accompagnait exercent avec une conscience remarquable cette mission de sauvegarde. Mais les handicaps contrariant la tâche des conservateurs sont bien connus des collectionneurs qui les subissent déjà à leur modeste niveau : budgets étriqués face à la montée irrépressible du flux d’objets voués à l’oubli, rentabilité mal perçue mais que l’on voudrait immédiate, rareté des compétences dans la cohabitation de l’histoire et des sciences et techniques, absence de prestige de cette archéologie considérée – à tort – comme exclusivement attachée à un passé trop récent pour présenter de l’intérêt, enfin poids inopportun des commissions et de leurs cohortes de règlements.
L’initiative individuelle privée, libérale par essence et par conséquent rapide dans sa possibilité de réagir rapidement face à un naufrage patrimonial, est dans ces conditions une précieuse auxiliaire des organismes publics pour le sauvetage et la conservation d’urgence. On peut objecter sa dissémination et l’inorganisation qui en résulte, ses restaurations contestables et bien d’autres défauts : certes, son inefficacité : jamais ; le réseau des collectionneurs est omniprésent et là pour extraire du tas de ferrailles la vieille machine qui commence à rouiller. Ce fait de société date : il suffit pour s’en convaincre de consulter les listes de donateurs ou de ci-devant propriétaires, sources importantes de nos prestigieuses collections nationales actuelles.
Or dans cet environnement difficile, l’état de
retraité accorde opportunément à ceux qui le désirent le loisir de se consacrer
à de tels travaux de recherche, de sauvegarde, de conservation, de
restauration… enfin d’explication ; cette dernière fonction coûte mais
sans le souci permanent d’expliquer pourquoi et comment ces « drôles de
machines » fonctionnaient, toute collection deviendrait vite un simple
amas hétéroclite d’objets de vitrines curieux certes, parfois jolis, mais sans
âme. Résumons : vis à vis des nouvelles générations d’ingénieurs, témoigner
est un quasi devoir de citoyen dévolu aux anciens. En outre, le retraité
détient le privilège de parler et d’écrire comme il le souhaite, souvent
bénévolement et surtout libéré de multiples contraintes comme la hantise du
rapporteur sourcilleux inopportunément désigné par un sacro-saint comité de
lecture. C’est donc en fait un mécène, généralement modeste financièrement il
est vrai mais expérimenté et disponible pour notre société en de multiples
exemplaires. Cette richesse, il appartient à notre société de savoir en
profiter sans l’étouffer. Un très bel exemple fort bien nommé nous vient du
début du Siècle des Lumières qui fut aussi techniquement révolutionnaire :
les « Mémoires pour servir à l’Histoire des Sciences » dites
« Mémoires de Trévoux », petite Principauté qui sut exploiter sans
trop l’étouffer cette richesse intellectuelle gratuite de son époque.
Quelques retraités se consacrent avec passion à ce
mécénat : ils cherchent, ils collectionnent, ils restaurent, ils étudient,
ils rendent compte lors de leurs réunions et expositions ou dans leurs
publications.
Un retraité travaille mais sa retraite lui apporte
la liberté dans ses activités et le temps qu’il y consacre. J’ai abusé de cette
liberté, elle me plaît et je continue d’en abuser. Il en résulte un fouillis
certain dans la production ; ce qui suit en témoigne. Dans cet esprit, ce
pastiche des « Mémoires de Trévoux », de la « République des
Lettres » ou encore du « Journal des Sçavans »
collectionne, sans prétention d’exhaustivité et sans ordre des propos ou
monographies, comme autant de témoignages destinés aux futurs historiens qui
s’attacheront au demi-siècle passé, révolutionnaire pour tous les métiers du
traitement de l’information.
La révolution des métiers du traitement de l’information ne s’apprécie véritablement qu’en regard de ce qui précédait. Les machines à calculer automatiques furent conçues avec la volonté d’améliorer ce qui existait déjà : par exemple dresser des tables de fonctions. L’exploration du passé met en évidence l’émergence souvent timide mais aussi souvent ancienne de concepts que l’on croit récents et liés à l’existence de l’informatique. Il semblerait même que notre Révolution est beaucoup plus celle de l’efficacité que celle des idées.
Beaucoup de souvenirs à raconter. Toute sortes d’histoires, de mécaniques, de recette de jadis. Une préhistoire de l’informatique ? Non ! Trop de désordre dans ce que je relate. Alors j’ajoute un trait-d’union et le pluriel dans mon sous-titre. Quant au « tout numérique » c’est un futur que j’ai vu poindre ; je n’ai jamais su ce qu’il deviendrait et je ne le sais toujours pas… Cependant j’entends de nombreux contemporains en parler avec leurs certitudes ; je suis émerveillé de ces présciences…
Tables, diaporama de présentation
Les tables constituèrent en toutes époques le moyen immédiat d’accumuler des connaissances en les structurant.
Depuis les premiers pièges
imaginés par des chasseurs, les automates constituèrent la passion des
mécaniciens. L’ouvrage de Héron est, vraisemblablement, le plus vieil ouvrage
sur ce sujet que nous légua l’Antiquité. On y trouve, sous la forme de cordes
astucieusement enroulées, l’ancêtre du premier programme enregistré.
Ouvrage en fac-similé sur le site :
Automates (Héron d'Alexandrie)
Heron d'Alexandrie. Di Herone Alessandrino de Gli Automati, ouero Machine se Moventi, Libri due, Tradotti dal Greco da Bernadino Baldi Abbate di Guastalla... [Exemplaire ayant appartenu à A. Fletcher (autographe), Lord of Saltoun]. En Venetia, Bertoni, 1601. 49p.
Une merveilleuse mécanique, la main
De la fin du XVIe siècle au début du XVIII, le compas de proportion fut l’instrument privilégié des architectes, des marins, des géomètres, des artilleurs, etc.
Ces lettres patentes d’un Roi, connu des écoliers pour sa passion de la mécanique, créent et organisent, en France, un Corps d’artistes fabricants d’instruments scientifiques et mathématiques.
Tables scientifiques, origines
Les artilleurs, de terre ou en mer eurent toujours le besoin d’évaluer rapidement la distance de leur cible, dans des conditions souvent hasardeuses ; il résulta de cette nécessité quelques curieux petits instruments.
Le calcul intégral introduisit
de nouveaux besoins de calculs numériques. Les planimètres répondirent
rapidement et répondent encore à ces besoins.
Diaporama accompagnant la monographie précédente pour sa présentation orale.
Soroban,
plumier du début du XXe siècle
Le soroban fut et reste un instrument de calcul apprécié en Extrême-Orient. Ce curieux plumier fut trouvé à Tokyo ; la forme biconique des boules affirme son origine japonaise. Il dut appartenir à un voyageur qui y rangea ses pinceaux, son encre en bâton et sans doute un minuscule godet. Orné d’une marqueterie représentant le Fuji-San, il porte au verso un soroban. Au verso du couvercle, une règle graduée en unités inusitées aujourd’hui permet de lui attribuer une centaine d’années. Dans chaque rang, l’existence d’une seule boule de poids fort permet de supposer qu’il est postérieur à l’ère Meiji. Sa fabrication date donc vraisemblablement du tout début du XXe siècle.
Ce manuel de calcul
japonais, imprimé à Edo (ancien nom de Tokyo) et vraisemblablement antérieur au
début du XIXe siècle, présente comme ses homologues occidentaux contemporains,
les règles du calcul numérique mais avec le soroban et non pas avec une plume
ou des jetons, suivies d’exemples de problèmes usuels.
Usage du Soroban dans une
banque Japonaises, années trente
Durant les années trente, alors que les services comptables d’organismes publics ou privés européens se mécanisent, la Direction Générale d’une banque Japonaise manifeste un conservatisme remarquable pour sa comptabilité.
Souan-pan, pendentif, XIXe siècle
En Chine, le souan-pan est tout aussi apprécié que le soroban au Japon,
sinon plus… au point d’en faire des bijoux, en état de servir si l’on a de bons
yeux ! La gravure au verso est un mystère.
Calcul de navigation, hélice logarithmique
HMR1 de Dennert et Pape (20181009)
Le principe de l’instrument
est simple. Mais il faut être marin pour se souvenir et appliquer sans coup
férir les règles de signes liées à la région de la planète où l’on se trouve.
39-44, Qui construit des machines ?
Le traitement de texte et,
plus généralement, la publication assistée par ordinateur sont désormais les
auxiliaires doués d’une efficacité remarquable de toutes activités. Leur
ancêtre, la dactylographie, nécessitait une dextérité et une expérience peu répandues
hors de la profession, mais que de nombreux auteurs auraient souhaité détenir
pour la production de leurs mémoires, publications, cours, et autres exercices
souvent bien difficiles à mettre en pages…
Méthodologie pour
la description de systèmes automatiques
L’usage de l’ordinateur pour piloter des systèmes implique la coopération de corps de métiers différents. « Toute interdisciplinarité réelle passe par l’édification d’un langage commun qui puisse exprimer les divers moyens théoriques en usage dans les disciplines les plus variées. » (R Thom).
Savoysky,
Thèse
Grenier
virtuel
ou
Mémoires
pour servir à l’histoire de notre famille
Cahiers de
Serge Vassilievitch
D’autres activités occupent mes loisirs de
retraité ; elles génèrent de l’écrit ou des images s’accumulant,
conséquence de ma manie de ne rien jeter. Longtemps ce furent des documents
classiques s’empilant dans mon grenier par-dessus ceux laissés par mes parents…
Les techniques d’enregistrements se perfectionnant un grenier virtuel vit
rapidement le jour et occupe désormais avec l’amas qui l’occupe, une place
aussi importante que celui, bien réel, qui le précéda et existe toujours.
À la demande de quelques correspondants je place ici
des extraits de ce grenier, groupés en collections. Au fil du temps
s’accumulent ainsi de courtes notes ou copies de vieux papiers exhumés des
cartons ; j’accumule les photographies à part… Ce pourrait être publié me
disent ami ou familiers. Hormis les monographies que je soigne sur de vieux
instruments, je n’ai guère de goût pour cela et mon compteur me rappelle qu’une
certaine espérance me concernant est dépassée inéluctablement ; an français
châtié, je « fais du rab ! ». Alors je me contente de grouper
une part de mes blablas en collections afin d’en réduire le désordre.
L’avantage de cette détermination est la
disponibilité rapide de ma production pour ceux que cela intéresse ; son
inconvénient réside dans ses actualisations répétées
Cependant trouvant commode cette manière de communiquer, j’entrepris en outre pour ma progéniture de raconter d’autres histoires selon le même procédé et je continue ainsi. Ce faisant, indubitablement je grossis ces fourre-tout ; alors ce site grossit et son désordre de même !
Histoires d’amies ou amis et correspondances…
Bonnes lectures toutefois !
Thaon, dimanche 23 juin 2024